Bilans municipaux, dress code et cadrage photo : une semaine d’échos politiques en Gironde

Ce qu’il ne fallait pas manquer cette semaine dans le Tire-bouchon, notre rubrique d’échos politiques du samedi
Sans surprise, quand Nathalie Delattre, ministre du Tourisme et candidate aux municipales à Bordeaux, tire le bilan du maire sortant, rien ne trouve grâce à ses yeux. Elle et ses équipes cognent comme des sourds, quitte à tordre les faits pour dire combien le bilan municipal des écologistes est catastrophique. Elle organisait encore une conférence de presse pour le dire, jeudi, au Café Rohan, en face de la mairie. Et il se trouve que Pierre Hurmic, le maire, passait par là juste avant. Reconnaissant quelques journalistes, il leur demande ce qu’ils font là. « Elle a manifestement un problème d’absentéisme, sourit Hurmic. Quand elle n’était pas ministre, elle n’était jamais au conseil municipal. Maintenant qu’elle est ministre, elle n’en rate plus un. Mais je m’interroge : quand prend-elle le temps d’être ministre ? »
UrgenceC’est donc en pleine canicule que les élus bordelais se sont retrouvés pour inaugurer Bordeaux fête le vin, qui se déroule jusqu’à dimanche sur les quais. « À l’heure où le climato-scepticisme et la remise en cause de l’urgence climatique prospèrent, s’y résigner pour céder aux facilités du moment serait une erreur et un danger historiques », n’a pas manqué de souligner Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, en référence aux récents renoncements du gouvernement (ZFE, ZAN, etc.). Façon, aussi, de dire à la ministre du Tourisme qu’il y a plus « urgent » que les bisbilles municipales.
Dress codeDidier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la nature en ville et des quartiers apaisés, a été vivement pris à partie par une riveraine de Bordeaux centre, lors d’un récent conseil de quartier. La dame, manifestement peu apaisée, elle, reprochait à l’élu de se présenter en bermuda, tee-shirt et baskets. L’intéressé a rétorqué qu’en « élu de terrain », il parcourt de nombreux kilomètres à vélo – encore 12 km ce mercredi où le thermomètre pointait à 30 degrés. Et d’assumer que « ce n’est pas au costume cravate » qu’on jugera de l’efficacité de son action. Marc Etcheverry, adjoint à la sécurité et présent ce soir-là, appréciera… Lui qui, comme à l’accoutumée, s’est présenté impeccable, chemise bleue, cravate, pantalon de toile et veste réenfilée tout juste descendu de son vélo !
Des hauts, des basLa vie de maire est faite de hauts et de bas. Pour Emmanuel Sallaberry, le maire de Talence, la séquence récente ne lui laissera pas un souvenir impérissable : deux soirées annulées du festival ODP pour cause de météo capricieuse, un arbitrage défavorable sur la piste sécante de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et, pour couronner le tout, le désengagement du ministère des Armées du projet Bahia – cette fusion public-privé entre l’hôpital militaire Robert-Picqué de Villenave-d’Ornon et l’hôpital Bagatelle de Talence. À part ça, tout va bien.
ManieEn début de mandat, Pierre Hurmic resservait avec la régularité d’un métronome un certain nombre de citations. Certaines étaient empruntées à Jacques Ellul (« Exister c’est résister », « Un homme de parti est une partie d’homme »), d’autres de sa création (« Je ne suis pas là pour renverser la table, mais la réparer »). Une manie qui lui est passée, mais qui ressurgit à l’occasion de Bordeaux fête le vin avec cette formule qu’il répète en boucle : « Je suis le maire de Bordeaux et du bordeaux ! » Jusqu’ici, ça n’a pas relancé les ventes…
Apartisans« Oui, on fait de la politique mais nous sommes apartisans. Nous ne sommes pas là pour taper sur les maires mais pour mettre en valeur ce qui a été fait pour l’usage du vélo », se défend l’association bordelaise Vélo-cité. Elle a publié un bilan des villes de la Métropole sur leur politique en matière de vélo. En retenant des critères « malhonnêtes », « politiquement orientés », « inexacts dans la méthodologie » sur la base de « données manquantes ou erronées », entonnent en chœur des maires de droite comme de gauche. Hasard, seules les villes de Bègles et Bordeaux, dirigées par des écologistes, sont saluées par Vélo-cité. Lors du prochain conseil métropolitain, les élus se prononceront sur la subvention accordée à l’association. On peut compter sur eux pour instruire le dossier de manière « apartisane ».
Le vrai du fauxParmi les attaques répétées contre Pierre Hurmic, celle portant sur les moyens mis sur la sécurité est déjà un tube de la campagne. Le député Renaissance Thomas Cazenave déplore que « le nombre de policiers n’augmente pas depuis quatre ans ». Chez Nathalie Delattre, on parle carrément d’« un grand retard pris du fait du dogmatisme en matière de sécurité… » Mais voilà, lors de l’inauguration du poste de police mobile de la police municipale, un hommage inattendu a été rendu au maire. Il est signé Grégory Lecru, directeur de cabinet du préfet : « Vous mettez le paquet, M. le maire, vos efforts nous obligent. Et maintenant, vous allez plus vite que nous ! »
L’art du cadreL’inauguration de Bordeaux fête le vin a donc été l’occasion de réunir côte à côte trois des prochains candidats aux municipales à Bordeaux. Le maire Pierre Hurmic (Les Écologistes), la ministre Nathalie Delattre (Parti radical) et le député Thomas Cazenave (Renaissance). Tout s’est déroulé dans la plus exquise cordialité, mais dans les comptes rendus des uns et des autres sur leurs réseaux respectifs, les concurrents ont été soigneusement sortis du cadre. Il faut avoir l’œil aiguisé pour deviner qu’ils étaient ensemble. Le cadrage en photo comme en vidéo, c’est la réduction partielle et partiale de la réalité. Ce que ne devrait pas être la politique…
Bon à savoirAvant la trêve estivale, les maires sortants qui voient les municipales du mois de mars se profiler sont tous saisis de la maladie du bilan. Ils l’affichent, le défendent, le clament, à l’oral, à l’écrit, dès que l’occasion leur est donnée. Pourquoi maintenant ? Hé bien parce qu’à partir du 1er septembre, ils ne pourront plus utiliser les moyens de leur mairie pour vanter leur action. Ils pourront continuer à le faire, mais à condition de l’inscrire dans leurs comptes de campagne. Pourquoi se priver !
The place to beLa Réole (4 400 habitants) lance une nouvelle opération séduction à destination des Bordelais : « Changer d’air, pas de département ». Le maire s’est assuré d’un autre joli coup de com’avec l’accueil des rencontres de Place publique. C’est confirmé : Raphaël Glucksmann attirera à nouveau élus et médias dans son sillage les 4 et 5 octobre prochains. En 2022, Bruno Marty avait quitté le PS, seul contre tous. Il a depuis intégré le bureau national de Place publique. Alors qu’il n’a pas encore officialisé sa candidature aux municipales, son ambition est-elle déjà ailleurs ?
SudOuest