Déjà 4 candidatures: une ligne de départ bien garnie pour les municipales 2026 à Saint-Maximin

Le climat politique de Saint-Maximin n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de "serein". Et ça ne date pas d’hier. Si certains estiment que la défiance a débuté à l’élection d’Alain Decanis, on pourrait objecter que même avant, les jeux de pouvoir à l’ombre de la basilique ont souvent animé les coulisses de l’hôtel de ville. Mais il est vrai que depuis l’arrivée aux manettes du maire actuel, polémiques et éclats de voix ont prospéré au conseil municipal, si bien que la guerre de succession n’a pas attendu le mois de juillet 2025 pour débuter.
Aidé par les tensions au sein même de la majorité, dont l’unité a vite paru fragile, le climat n’a cessé de se détériorer, et finalement, la campagne 2026 sonne pour beaucoup comme la fin de la récréation, et le retour aux affaires sérieuses. Si cette reprise en main n’est peut-être pas encore visible lors des conseils municipaux, on peut toutefois la déceler dans les mots des différents candidats déclarés à l’obtention du siège de premier magistrat l’année prochaine.
Alors puisqu’il s’agit de reprendre un peu de hauteur, avec des intentions officielles et annoncées au grand jour, faisons le point. Quatre candidatures, quatre projets, une ambition: (re) conquérir la mairie de Saint-Maximin.
Thomas Molina (RN): pour briser le plafond de verre?Le premier à avoir dégainé sa candidature est aussi le seul à ne pas s’être exprimé de manière officielle. En son nom propre du moins. Car le 30 mai, quand sur BFM l’annonce de son intention a été dévoilée, c’est par la voix de Frank Giletti, député Rassemblement national de la circonscription, invité en tant que patron varois du parti d’extrême droite. "Thomas Molina, jeune cadre du mouvement, issu de la région. Une première expérience électorale pour ce jeune homme de 26 ans (...). On mise beaucoup sur lui, on lui fait confiance."
Le principal intéressé multiplie, depuis (et même avant), les apparitions lors des rendez-vous institutionnels, souvent accompagné du député. Son atout, et Franck Giletti l’a bien noté, c’est la division des opposants, dans une ville qui a placé le député en tête à plus de 50% lors du premier tour de la dernière élection législative. "Depuis trop longtemps, les querelles d’ego freinent notre commune, confirme Thomas Molina. Je m’engage à mettre fin aux intérêts personnels qui étouffent le bien commun." Il ajoute: "Je m’engage à porter une alternative crédible, une impulsion nouvelle, une vision claire." Reste, comme souvent avec le parti lepéniste, à convaincre que l’idéologie nationaliste s’adapte au terrain local.
Fabrice Albert: un "outsider" pas si "out"Deuxième à avoir annoncé sa candidature, Fabrice Albert, défait justement par le RN lors du scrutin législatif, avec quand même 20% des suffrages exprimés en sa faveur. Un score insuffisant, mais loin d’être anecdotique pour une personnalité qui aura sans doute l’avantage de ne pas avoir participé aux joutes parfois consternantes des conseils municipaux, puisqu’il n’est pas élu. Il reste soutenu par plusieurs membres du conseil municipal, dont Gabriel Pich et son groupe (Démocratie et transparence). Mireille Bœuf, avant son décès, participait également au travail qui devait mener à la déclaration de candidature.
S’il n’est pas un incontournable de la vie maximinoise, difficile de ne pas lui reconnaître toutefois une certaine assise, lui qui n’est jamais très loin de tout ce qui se joue dans les couloirs de la vie politique. "Notre méthode, c’est l’écoute, disait-il lors de sa prise de parole du 21 juin. Notre responsabilité, c’est de proposer une alternative crédible et unie, dans un climat apaisé. Et notre ligne, c’est la bienveillance." Et de conclure: "Ma candidature s’inscrit dans un appel simple et clair: rassembler pour tourner la page d’un mandat marqué par l’endettement, l’opacité et le mépris des habitants."
Vesselina Garello: une nouvelle élection à gagner?L’épreuve des urnes, elle connaît, Vesselina Garello. Élue à Saint-Maximin depuis 11 ans, elle a remporté, en mars 2023 avec son binôme Stéphane Arnaud, le scrutin départemental partiel. Devant un candidat RN et un autre soutenu par la municipalité, et avec le plein de voix (malgré une abstention très importante) dans la cité de la basilique.
Depuis, avec son étiquette de conseillère départementale du canton, Vesselina Garello poursuit son action politique, que certains considèrent parfois marquée par une opposition systématique au maire, mais qui est toujours argumentée, dans le brouhaha des assemblées communales. "En tant que conseillère départementale, je soutiens les projets qui vont dans le bon sens, mais les vrais leviers de l’action locale sont à la mairie", détaille-t-elle.
Leader du principal groupe d’opposition, l’élue a donc officiellement annoncé son intention de viser la mairie, dans un long discours prononcé le 28 juin, devant 250 personnes, place Malherbe. Avec, pêle-mêle, des points de vue économiques, sociaux, urbanistiques, et en conclusion, cet appel: "N’attendons pas le changement, soyons des acteurs engagés et déterminés, rassemblons nos forces et retroussons-nous tous les manches pour construire ensemble l’avenir de Saint-Maximin."
Alain Decanis: profiter de la dispersion des forces?Il a perdu ses pouvoirs de signature, il les a retrouvés, il les a reperdus. Il s’est fâché avec l’agglomération, il a voulu partir, il est resté, il s’est réconcilié (en partie). Et enfin, il n’a plus de majorité. En bref, le premier mandat d’Alain Decanis ressemble à un long chemin de croix. Et pourtant, le maire avance, sans dévier de sa route, sûr de ses forces, un bilan loin d’être aussi catastrophique que ce qu’en disent ses opposants, et des perspectives nouvelles d’une liste de fidèles réellement fidèles. Avec un élément qui ne change pas, quelle que soit la violence des vents contraires: la conviction d’être dans le vrai.
Il faudra maintenant convaincre les administrés, mais bien malin celui qui pourra affirmer qu’ils n’en sont pas déjà convaincus. Car le spectacle proposé par l’opposition, auquel le maire a participé, évidemment, n’a pas séduit tout le monde, et la réalisation majeure du mandat, le complexe sportif, est appréciée.
Le 28 juin, lors d’une soirée au Déffens, Alain Decanis a donc confirmé son intention de briguer un deuxième mandat. "Je ne veux pas confier les clés de la mairie a des gens qui ne se préoccupent que de leur carrière politique." Un angle d’attaque comme un autre. Mais qui confirme une chose: la désunion des oppositions profite au maire actuel. Et il le sait!
Var-Matin