EDITO. Frappes américaines en Iran : comment faire entendre la voix de la France dans le fracas des bombes ?

Depuis l'amplification du conflit en Iran ce week-end, avec les frappes américaines dans la nuit de samedi à dimanche, Emmanuel Macron ne cesse de "prôner un retour à la voie diplomatique" et implore les belligérants de "reprendre les discussions".
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Tout le week-end du 21 au 22 septembre, avant et après les frappes des Etats-Unis sur les trois grands sites nucléaires iraniens, Emmanuel Macron a appelé au téléphone ses homologues européens, les principaux dirigeants du Moyen-Orient, et même le président iranien. Il les a exhortés à éviter toute nouvelle "escalade".
Après l'implication directe des États-Unis aux côtés de son allié israélien, dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 juin, la France continue d'appeler au dialogue. Le chef de l'État a répété dimanche soir, lors du conseil de défense convoqué à l'Elysée, que c'était à ses yeux le seul moyen efficace de démanteler la menace nucléaire iranienne tout en évitant un embrasement total de la région.
Mais pour l'heure, c'est sans effet. Depuis les bombardements américains, il n'est question, vu de Téhéran, que de "conséquences éternelles" et de représailles, et Israël entend pousser son avantage en poursuivant ses frappes.
Emmanuel Macron ne se fait guère d'illusions à très court terme. Comment espérer se faire entendre dans le fracas des bombes ? À quoi bon appeler à "la retenue" quand Donald Trump agit selon son bon vouloir, sans s'embarrasser d'en référer à aucune instance internationale ? Dans ce contexte, le chef de l'État peut donner l'impression de parler dans le vide, et même d'afficher une forme d'impuissance. Peu importe, il juge indispensable de maintenir un canal de dialogue, même minime, même symbolique pour garder le contact avec Téhéran. Pour prendre date, préparer la suite, peser sur l'après-guerre.
À plus grande échelle, les Européens apparaissent unis sur cette position, mais c'est une unité de façade. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont répété dimanche qu'ils veulent impulser des discussions entre toutes les parties, dont l'Iran, pour éliminer le risque nucléaire. Donald Trump a précisément bombardé au lendemain d'une première réunion organisée vendredi à Genève entre ministres européens et iraniens.
Le président américain affiche d'autant plus volontiers son souverain mépris pour une Europe, qui, selon lui, ne servira à rien dans la résolution de ce conflit. Il sait que certains pays de l'UE sont bien contents de le voir "faire le sale boulot", selon l'aveu lâché il y a quelques jours par le chancelier allemand Friedrich Merz.
La France elle-même n'a d'ailleurs pas condamné officiellement les frappes américaines. Certes, Emmanuel Macron rêve encore de ressusciter une logique de négociations du même type que celle qui avait abouti à l'accord de Vienne de 2015, déchiré trois ans plus tard par Donald Trump. Avec le retour du même Donald Trump à la Maison Blanche, il semble bien que l'on a basculé dans un nouveau monde, où le multilatéralisme et le droit international ont cédé la place à la loi du plus fort.
Francetvinfo