En Espagne, “la corruption frappe à nouveau” le Parti socialiste

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est dans la tourmente après la révélation, le 12 juin, de l’implication du numéro 3 de la formation dans une affaire de corruption présumée. Le Premier ministre et secrétaire général du parti, Pedro Sánchez, a présenté ses excuses, relate “El País”.
Pedro Sánchez occupe le palais de la Moncloa, la résidence officielle du Premier ministre espagnol, à Madrid, depuis sept ans. Durant cette période, il a traversé “des crises très graves”, retrace le journal El País, mais aucune ne semble comparable à celle qui l’a “assommé” ce jeudi 12 juin.
En fin d’après-midi, le dirigeant madrilène est apparu “avec une tête d’enterrement” au siège de son parti, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), “pour demander pardon − à huit reprises − d’avoir fait confiance à son secrétaire à l’Organisation, Santos Cerdán”, raconte le journal dans ses pages.
Plus tôt dans la journée, le numéro 3 de la formation avait été mis en cause dans une affaire de corruption présumée qui empoisonne le gouvernement depuis des mois. Il a présenté sa démission quelques heures plus tard, à la demande de Sánchez. L’affaire fait la une de tous les journaux, dont El País, ce vendredi 13 juin.
Pour le quotidien proche des socialistes, c’est “un scandale d’une ampleur colossale”, que le Premier ministre a péniblement tenté d’atténuer en promettant “un audit externe des comptes du PSOE pour vérifier les irrégularités et des changements au sein du comité fédéral [du parti]”.
Selon un rapport de police, Cerdán est soupçonné d’être un “complice” présumé dans une affaire de pots-de-vin impliquant un ex-ministre socialiste, José Luis Ábalos, et l’ancien bras droit de celui-ci, Koldo García. Il s’agit d’un nouveau volet d’une vaste enquête ouverte depuis plusieurs mois autour de soupçons de corruption présumée liée à l’achat d’équipements de santé durant la pandémie de Covid-19.
Jusqu’à jeudi, le chef du gouvernement s’est dit convaincu de l’intégrité de Cerdán. Lors de sa conférence de presse, Sánchez “a assuré n’avoir eu connaissance du rapport qu’après sa publication”, et s’être “effondré” en le découvrant, rapporte El País.
Les socialistes sont confrontés à “une crise qu’[ils] ont inutilement amplifiée en ignorant les soupçons jusqu’à ce jeudi, ce qui révèle une inquiétante méconnaissance des activités de certains de leurs cadres les plus importants”, déplore El País.
Alors que “la corruption frappe à nouveau”, Sánchez est plus que jamais sous pression. El País rappelle que le Madrilène a conquis le pouvoir, en 2018, “avec la promesse d’une renaissance liée à la lutte contre la corruption”, qui avait précipité la chute de son prédécesseur, le conservateur Mariano Rajoy.
Aujourd’hui, le Premier ministre est déterminé à aller au bout de son mandat, qui s’achèvera en 2027. Mais son parti va devoir fournir des “explications précises” sur ses activités afin de renouer la confiance avec ses partenaires d’investiture et les électeurs, prévient El País. Sinon, “il est fort possible que le PSOE finisse par en payer le prix dans les urnes”.
Courrier International