L’affaire de harcèlement moral qui vise le maire de Saint-Martin-Vésubie et certains de ses adjoints rebondit

Le dossier - volumineux - est minutieusement classé. "Et encore je n’en ai apporté qu’une partie", souffle Thierry Beunard. Il faut dire que l’affaire dure depuis 4 ans et demi. Elle concerne son épouse, Pascale, âgée de 64 ans. Un peu plus d’une semaine après la tempête Alex, le 11 octobre 2020, elle s’effondre devant un médecin de la cellule d’urgence médico-psychologique mise en place après le drame. Presque 5 ans après, Thierry, encore éprouvé, sort le certificat médical rédigé à l’époque. "Syndrome dépressif majeur, idées suicidaires comme seule alternative", écrivent, alors, les psys.
Agente administrative pendant 30 ansPascale Beunard se dit victime de harcèlement moral en mairie de Saint-Martin-Vésubie. "Mise à l’écart, remarques, changement de poste, mise au placard"... La sexagénaire est agent administratif depuis plus de 30 ans. Reconnue compétente et très polyvalente, elle jure vivre un enfer depuis la campagne électorale des municipales de 2020. Une campagne violente, émaillées d’incidents. Son mari, Thierry Beunard, ancien chef de la section montagne de la CRS6, ex-conseiller montagne d’Éric Ciotti entre 2010 et 2017 au conseil départemental, s’était présenté contre le maire, Ivan Mottet, soutenu par... Éric Ciotti. L’ancien policier siège désormais dans l’opposition.
Des gardes à vue en 2023"Ma femme n’était pas assez solide pour déposer plainte immédiatement", précise-t-il. Ce n’est qu’en avril 2022, qu’elle saisit le procureur de la République. Pas simple, car sa plainte vise le maire Ivan Mottet, certains de ses adjoints, dont le Premier, Alain Jardinet, mais aussi des employés de mairie dont la directrice générale des services. Tous sont placés en garde à vue et entendus entre mai et juin 2023. Mais, l’affaire est classée sans suite en décembre 2023. " Pour de mauvais motifs, sans lien avec la plainte", insiste Thierry Beunard.
"Un manque de confiance, peut-être"Le couple ne veut pas en rester là. Cette fois, ils ont déposé plainte devant le doyen des juges d’instruction. Une enquête a été ouverte et une juge a été nommée en septembre dernier. Les époux attendent beaucoup de la procédure. Pour eux, c’est certain, "Pascale a payé l’engagement politique" de son époux. Ils ont des preuves, dont un enregistrement. Ce jour-là, Pascale Beunard est convoquée par la directrice générale des services et par le Premier adjoint. Il s’agit de discuter de son changement d’affectation et d’étage à la mairie. Avant, la plaignante s’occupait des services élections et urbanisme, elle est reléguée aux archives et à leur numérisation, au deuxième étage. Lors de son audition, un élu de la majorité indiquera clairement aux enquêteurs: "Comme elle nous a poignardés, il a bien fallu lui enlever les listes électorales. (...) Il y a un manque de confiance peut-être". "Inadmissible", crie Thierry Beunard.
"Laisser faire la justice", dit Ivan Mottet"Bien sûr que je suis au courant de la nomination d’un juge d’instruction", soupire Ivan Mottet. Cela ne change pas grande chose pour lui. "Personnellement je ne me sens pas du tout touché par cette affaire", jure le maire de Saint-Martin-Vésubie. Serein, dit-il, l’élu attend "de laisser faire la justice dans ce dossier". "M.Beunard, c’est M. Beunard", commente-t-il en soufflant...
Nice Matin