Le porte-parole du collectif des victimes de Bétharram dénigrerait les victimes et les témoins avec un faux compte Facebook, selon Mediapart

Une enquête de Mediapart révèle que le porte-parole du collectif des victimes de Bétharram et conseiller municipal à Pau, aurait créé un compte anonyme sur les réseaux sociaux pour décrédibiliser plusieurs témoins clés de l’affaire dans le but de défendre François Bayrou, dont il est proche.
Alexandre Perez, est conseiller délégué aux travaux dans la capitale du Béarn depuis 2014, poste qu’il a obtenu grâce au premier ministre selon Mediapart, mais aussi « porte-parole » du collectif des victimes de Bétharram depuis quelques semaines, où il multiplie les apparitions télévisées.
Selon le site d’investigation, l’élu a davantage pour mission de prendre la défense de François Bayrou que celle des victimes. Sur Facebook, en parallèle de son compte officiel, il a créé un compte anonyme, sous l’anagramme de son nom, « Lazare de Perenx », qu’il utilise principalement pour dénigrer celles et ceux qui « soulignent les erreurs et mensonges de François Bayrou dans la gestion de l’affaire ».
François Bayrou, maire de Pau et Premier ministre, a été auditionné le 14 mai devant la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires, pour répondre à ses déclarations dans lesquelles il démentait avoir été au courant des actes commis dans cet établissement, où ses enfants étaient pourtant scolarisés.
Parmi les cibles de « Lazare de Perenx » : l’ancienne professeure Françoise Gullung, le gendarme Alain Hontangs, le juge Christian Mirande, tous ont témoigné d’avoir soit alerté François Bayrou des violences dans l’établissement à l’époque ou de l’intervention du maire Pau dans l’affaire dans les années 1990.
« Qu’ont fait Mirande, Hontangs, Gullung depuis 30 ans ? Ah oui, ils ont ”un peu” merdé », peut-on lire dans un commentaire publié le 13 mai et que Mediapart cite dans son enquête. Il s’en prend également à Jean-Marie Delbos, reconnu comme étant la première victime de Bétharram, indigné face aux silences de François Bayrou durant toutes ces années, mais aussi critique de la communication du collectif des victimes, qui a selon lui tendance à épargner l’élu béarnais. « Pauvre type égoïste » écrit-il ou encore « prends ton suppo et va au lit. C’est l’heure » à l’égard la victime.
L’enquête de Mediapart, met la lumière sur un homme qui enchaîne « les interviews pour dédouaner le premier ministre » au nom du collectif, utilisant même parfois le « nous » dans ses commentaires. Pourtant, Alain Esquerre, fondateur du collectif, a confirmé auprès de Mediapart que l’élu béarnais a pu « se faire allumer » par d’autres victimes en raison de ses propos pro-Bayrou et affirme « Alexandre, il ne représente que lui-même » en insistant sur « la difficulté à structurer le combat des victimes ». Alexandre Perez aurait reconnu être le titulaire de ce compte Facebook au cours d’un échange avec Mediapart.
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