SONDAGE BFMTV. Retraites: 63% des Français jugent le gouvernement responsable de l'échec du conclave

Une journée avant la présentation des résultats du conclave sur les retraites, les Français sont peu convaincus par ces négociations. Le Premier ministre, François Bayrou, a affirmé ce mercredi 25 juin devant le Sénat qu'il donnerait jeudi après-midi le résultat de ses dernières discussions sur les retraites avec les partenaires sociaux, lancées après l'échec de quatre mois de concertations entre ces derniers.
"Je vais continuer à travailler avec eux (syndicats et patronat, NDLR) jusqu'à demain après-midi. Et demain après-midi, je dirai aux Français ce que nous pouvons trouver comme accord", a affirmé le Premier ministre, qui considère que les partenaires sociaux étaient "à quelques centimètres de la réussite du conclave".
Selon un nouveau sondage "L'Opinion en direct", piloté par l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi, les Français blâment surtout le gouvernement pour les difficultés rencontrées lors de ces discussions sur la réforme des retraites de 2023. D'après ce sondage, 63% des Français estiment que le gouvernement porte une responsabilité majeure dans cet échec, contre 29% une responsabilité limitée et 8% aucune responsabilité.
Les organisations patronales sont moins pointées: 47% des sondés considèrent qu'elles ont une responsabilité majeure dans l'échec du conclave, 42% une responsabilité limitée et 11% aucune responsabilité. Concernant les syndicats de salariés, 39% des personnes interrogées estiment qu'ils ont une responsabilité majeure, 44% une responsabilité limitée et 17% aucune responsabilité.
L'idée de ce conclave, voulu par François Bayrou, était principalement de tenter de rendre moins impopulaire la réforme des retraites de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans l'âge légal de départ. Tout en visant l'équilibre financier, alors qu'un déficit du système s'annonce à hauteur de 6,6 milliards d'euros en 2030.
Cette réforme des retraites avait fait descendre dans la rue en 2023 des centaines de milliers de personnes dans toute la France. Le principal point d'achoppement tournait autour de la reconnaissance de l'usure professionnelle: les syndicats y voyaient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégiait d'autres pistes, telle que la reconversion.

Pour le reste, il était acquis que l'âge du départ à la retraite ne bougerait pas: sans surprise le Medef, principale organisation patronale, s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans.
"Le patronat a fermé la porte aux syndicats, notamment sur la proposition que les salariés les plus exposés à la pénibilité n'aient pas le même effort à faire que les autres", a déclaré Yvan Ricordeau, négociateur du syndicat CFDT. "La discussion s'arrête", a-t-il acté ce lundi, en annonçant un "échec de la négociation".
Le conclave avait déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route: le syndicat Force ouvrière (FO) avait tourné les talons dès la première séance. Suivi à la mi-mars d'un autre syndicat de salariés, la CGT, et de l'U2P, le patronat des artisans.
Face à cet échec, le Parti socialiste "ira vers la censure" du gouvernement si François Bayrou ne donne pas le dernier mot au Parlement sur les retraites, a prévenu mardi le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur RMC-BFMTV. Le conclave était le fruit d'un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement lors du vote du budget 2025. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.
Selon le sondage, deux Français sur trois (67%) considèrent que la démarche engagée par François Bayrou était un "coup politique" pour gagner du temps et éviter une censure du PS. Le reste (32% des sondés) y voit une démarche sincère pour aboutir à une nouvelle réforme qui soit plus acceptée.
La menace d'une censure se rapproche donc pour le gouvernement. Désormais, plus d'un Français sur deux y est favorable. 52% (+5 points depuis un sondage réalisé fin mai) des Français souhaitent que cette motion de censure soit adoptée par l’Assemblée nationale, dont 29% (+4) plutôt et 23% (+1) tout à fait. À l’inverse, 47% (-5) ne le souhaitent pas.
Ce souhait de censure est majoritaire chez les électeurs de gauche et du RN et progresse fortement parmi les électeurs de droite (principalement LR): 43% y sont favorables, soit 18 points de plus par rapport à fin mai.
Après l'échec du conclave, les Français sont partagés sur la marche à suivre concernant les retraites. La piste privilégiée est toutefois le référendum (38%), devant le dialogue entre le gouvernement, les syndicats de salariés et organisations patronales (23%).
Viennent ensuite le renoncement à toute nouvelle réforme (17%) et le fait de faire passer une réforme par la voie parlementaire (15%). Seules 6% des personnes interrogées suggèrent de relancer un deuxième conclave dans les mêmes conditions (6%).
Mercredi après-midi, les services du Premier ministre ont annoncé que François Bayrou tiendra une conférence de presse jeudi à 17 heures "pour tirer la conclusion de (ses) échanges" avec les partenaires sociaux sur les retraites.
Échantillon de 1.003 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 24 au 25 juin 2025.
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