Sur la Légion d’honneur, l’argument bidon de Jordan Bardella pour défendre Nicolas Sarkozy
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Déchu de sa légion d’honneur, Nicolas Sarkozy bénéficie de soutiens de poids. Vraiment le haut du panier de crabes défend l’ancien président déchu. Jordan Bardella est de ceux-là, démontrant une fois de plus qu’à droite et à l’extrême droite, on est pour le respect des règles de droit mais uniquement quand ça concerne les autres. Sur RTL ce lundi matin, le président du RN se dit choqué qu’un délinquant se voie retirer sa légion d’honneur. «J’ai le sentiment, comme beaucoup de Français, qu’il y a une volonté de l’humilier», argue-t-il.
L’ambitieux Bardella développe ensuite un argument censé démontrer que ce retrait est une infamie. «Il a obtenu la légion d’honneur dans le cadre de l’affaire Human Bomb, qui s’est tenue à Neuilly, pour s’être engagé personnellement et avoir entamé un dialogue avec un forcené qui détenait des enfants en otages dans une école maternelle, avance-t-il. On peut combattre juridiquement et politiquement quelqu’un mais je crois qu’il ne faut pas oublier non plus les services qui ont pu être rendus à la France et à la République française.»
Cette légende est vraiment très jolie. Louis Sarkozy l’a lui-même portée sur France Inter hier, avançant que Jacques Chirac a remis la légion d’honneur à son pôpa «suite à sa participation à la prise d’otages [sic] de HB à Neuilly en 1993». Sauf que cette légende est totalement bidon. La légion d’honneur a été remise à Sarkozy en 2005 – douze ans après la prise d’otage. Il figurait dans la promotion du 1er janvier, parmi les choix du Premier ministre d’alors Jean-Pierre Raffarin. Quels étaient les motifs évoqués ? «Ancien ministre d’Etat, ancien député des Hauts-de-Seine, ancien maire de Neuilly-sur-Seine ; 24 ans d’activités professionnelles, de fonctions électives et de services militaires», peut-on lire au Journal officiel. Aucune référence à la prise d’otages, donc. La cérémonie s’est déroulée dans un cadre privé, en présence du président Chirac et de la famille Sarkozy. Le chef de l’Etat «souhaitait saluer le parcours des parents de Sarkozy et mettre en valeur la réussite de leurs enfants», indiquait à l’époque l’entourage du Président à l’AFP.
L’institutrice Laurence Dreyfus et Evelyne Lambert, médecin-capitaine des pompiers de Paris, ont, elles, reçu la légion d’honneur des mains de François Mitterrand peu après la prise d’otages. Et comme elles n’ont visiblement pas été condamnées à de la prison ferme, elles l’ont toujours. Le rôle de Sarkozy dans la prise d’otages a, quant à lui, été vivement critiqué par certains protagonistes par la suite. Il a néanmoins reçu la médaille du Raid.
Libération