Un habitant des Tuvalu sur trois a déjà demandé un visa climatique pour l’Australie

“Près d’un tiers de la population des Tuvalu cherche à obtenir un visa climatique pour vivre en Australie”, à 3 500 kilomètres à l’ouest, écrit jeudi 26 juin News.com.au. Le média en ligne australien fait état de données officielles, obtenues par l’AFP, dont l’ampleur rappelle à quel point la montée des eaux causée par le changement climatique représente une menace existentielle et urgente pour les habitants de cet archipel du Pacifique.
Formés de neuf atolls, les Tuvalu constituent l’un des plus petits États du monde. Et sur les quelque 10 000 habitants qui peuplent le territoire, pas moins de 3 125 se sont déjà inscrits à un tirage au sort. Leur but ? Tenter d’obtenir un visa climatique pour l’Australie et ainsi quitter leur pays, qui risque de devenir inhabitable d’ici à quatre-vingts ans, selon les scientifiques.
L’inscription au tirage au sort, ouverte depuis le 16 juin, est possible jusqu’au 18 juillet. Il faut payer 25 dollars australiens, soit environ 14 euros, pour y participer.
“L’Australie reconnaît les répercussions dévastatrices du changement climatique sur les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des pays et des populations vulnérables, en particulier dans la région du Pacifique”, a commenté le ministère des Affaires étrangères australien auprès de l’AFP, comme le reprend News.com.au.
Fin 2023, Canberra et les Tuvalu ont signé un accord, baptisé “Union Falepili”, qui prévoit que “280 citoyens des Tuvalu seront autorisés à émigrer en Australie chaque année dans le cadre d’un programme de mobilité spéciale”, précisait alors le Sydney Morning Herald. Un accord visant à apporter de l’aide à cette “petite nation” en danger qui n’était pas totalement désintéressé de la part de l’Australie.
Ce dernier prévoit ainsi de “convenir mutuellement de tout partenariat, arrangement ou engagement avec tout autre État ou entité sur les questions de sécurité et de défense aux Tuvalu”, soulignait aussi le quotidien, une manière pour l’Australie de s’assurer de la proximité de l’État insulaire dans un contexte de conflit d’influences grandissant avec la Chine dans la zone Pacifique.
Interrogé récemment par The Guardian, le Premier ministre des Tuvalu, Feleti Teo, a qualifié l’accord de “révolutionnaire, sans précédent et historique”, exprimant l’“enthousiasme” des habitants à l’idée de pouvoir rejoindre l’Australie et de s’y installer, tout en ayant la possibilité de revenir dans l’archipel. Cependant, note le quotidien britannique, des craintes s’expriment aussi dans le pays, notamment à propos de possibles pénuries de main-d’œuvre et de la perte d’identité culturelle qu’un exode des habitants pourrait engendrer.
Enele Sopoaga, ancien Premier ministre des Tuvalu et diplomate, regrette aussi la manière “secrète” dont l’accord a été négocié, ainsi que son manque d’ambition : “Si vous regardez le texte de l’accord, il n’y a rien pour protéger les Tuvalu. Rien pour faire face aux effets du changement climatique. Rien.”
Courrier International