Gironde : au festival Soulac 1900, ils vivent « quelques heures dans l’insouciance de la Belle Époque »

Jusqu’à dimanche 8 juin, la station balnéaire du Médoc opère un retour au début du XXe siècle. Une 22e édition de Soulac 1900 dont le succès ne faiblit pas, malgré une météo incertaine
Entre rafales de vents et léger crachin, le temps n’est pas franchement propice à la baignade ce samedi 7 juin. Pourtant, sur la place centrale de Soulac-sur-Mer, quelques messieurs ont revêtu leur plus beau costume de bain, comme on les appelait alors. À l’occasion de cette 22e édition de Soulac 1900, qui se tiendra jusqu’à dimanche, la station balnéaire a ressorti les répliques de ces tentes aux rayures bleues qui jalonnaient le bord de mer au début du XXe siècle.

Laurent Theillet/SO
Combinaison à manches courtes et pattes longues, rayée, Maxime prend la pose, portant une main à sa moustache en guidon. « Trois semaines que je la travaille, la taille et la lustre pour être dans le thème », s’enorgueillit le jeune homme qui, pour cette sortie à l’océan, a « cette fois laissé [sa] planche de surf au garage ».
Plumes de paon et basketsAujourd’hui, à l’instar de centaine de Soulacais et Girondins, il s’offre une virée dans le passé, comme une virée entre copains pour « vivre quelques heures dans l’insouciance de la Belle Époque ». Dans le groupe d’amis résidant dans la métropole bordelaise, les filles ont été « les plus emballées à l’idée de passer toute une journée en costume ». « On s’est un peu renseigné sur le style d’alors et on a fait avec ce qu’on trouvait pour être dans l’esprit », relate Marine qui n’a toutefois pas voulu transiger sur les baskets « plus confortables pour marcher toute la journée ».

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Les plus puristes des festivaliers, eux, mettent à profit des années de festivals pour parfaire leur tenue dans le moindre détail. Où les dentelles des bustiers comme les ombrelles ont été « chinées dans des vide-greniers » et les hauts-de-forme et autres chapeaux melon de ces messieurs « trouvés sur le Net ». Il faut savoir vivre avec son temps ! Et à l’heure des réseaux sociaux, rares sont ces stars d’un jour à bouder leur plaisir d’être interpellées dans les rues pour être photographiées. Aujourd’hui, comme à la Belle Époque, on est avant tout ici pour se montrer. Et qu’importe si certaines tenues se parent de quelques anachronismes. L’essentiel étant d’avoir fait l’effort de se costumer « pour être dans l’ambiance », déclare Anne-Marie. De son propre aveu, « [sa] robe noire est pas top, mais j’ai tout misé sur le chapeau ». Une large capeline de paille crème achetée sur le marché installé sur la place de la basilique Notre-Dame, rehaussée de plumes de paon du plus bel effet.

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À un siècle d’écart, dans cette atmosphère « Brigades du Tigre », on aurait presque pu croiser les portraits de ces personnes parmi les cartes postales exposées à l’entrée du cinéma communal. Ces clichés, regroupés par thèmes, sont issus de l’immense collection du Soulacais Jean-Paul Lescorce. Et nouveauté de cette année, elles bénéficient d’une mise en animation grâce au vidéaste Jules Lambert qui, pour mettre en mouvement les personnages figés, a eu recours à l’intelligence artificielle.

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Tout aussi artificielle est la réouverture, le temps du festival, du Nid bleu, l’emblématique maison close de Soulac, fermée à la fin des années 1960. « Parce que ça aussi ça fait partie de l’histoire et du patrimoine culturel de Soulac », sourit avec malice Jean-Marie Andreux. Certes, Nénette, la tenancière du lupanar, n’est plus de ce monde. Mais pour le metteur en scène de la compagnie Les Tréteaux de sable, et ses « cocottes », « la gaudriole, ça marchait bien dans les années 1920 ». Pour preuve ces nombreux messieurs qui empruntaient, depuis Bordeaux, le « Train de plaisir », pas seulement pour profiter de la vue sur mer…

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Justement, l’antique locomotive à vapeur annonce de son panache de fumée noire son arrivée en gare, avec à son bord quelque deux cents passagers partis quatre heures auparavant de Saint-Jean. Assurément un temps fort de Soulac 1900 vers lequel les visiteurs se ruent pour assister au défilé des costumes les plus extravagants.

Laurent Theillet / SO

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SudOuest