Neuf Premières Nations demandent au tribunal d'annuler les projets de loi fédéraux et ontariens sur les grands projets

Neuf Premières Nations de l’Ontario demandent une injonction judiciaire qui empêcherait les gouvernements fédéral et provincial d’utiliser les lois récemment adoptées pour accélérer les projets d’infrastructure.
La contestation constitutionnelle stipule que le projet de loi provincial 5 et le projet de loi fédéral C-5 « représentent tous deux un danger clair et présent » pour les Premières Nations, qui comprennent Attawapiskat, Fort Albany et Apitipi.
Les Premières Nations soutiennent que les deux textes législatifs autorisent « la Couronne à imposer unilatéralement des projets sans engagement significatif ou inexistant avec les Premières Nations » et « violent l’obligation constitutionnelle de la Couronne de faire progresser… la réconciliation ».
La plainte qualifie les promesses de consultation avec les communautés autochtones de « tour de passe-passe » et affirme que les « exclusions autorisées » des Premières Nations contenues dans la loi sont « inconstitutionnelles ».
« C'est comme une loi qui autorise ce qui devrait en fait être interdit, comme autoriser les pilotes de lignes commerciales à voler en état d'ivresse, sans connaître la trajectoire de vol et sans avoir à interagir avec le contrôle aérien », peut-on lire dans la plainte.
Les deux gouvernements ont tenté d'atténuer les effets de leurs lois en disant aux Premières Nations : "Ne vous inquiétez pas, nous vous parlerons." C'est creux. Le contenu des lois autorise l'inverse.
Le projet de loi C-5 permet au Cabinet fédéral d'approuver rapidement de grands projets jugés d'intérêt national, notamment des mines, des ports et des pipelines.
Le projet de loi de l’Ontario permet à son cabinet de suspendre les lois provinciales et municipales dans les « zones économiques spéciales ».

Les Premières Nations demandent au tribunal d’annuler les lois, d’exiger des gouvernements fédéral et provincial qu’ils fassent une série de déclarations expliquant comment elles ont été adoptées sans respect pour les Premières Nations ou la constitution, et de verser 100 millions de dollars en dommages et intérêts aux communautés.
« Une sorte de sanction, si vous voulez, pour la Couronne pour ne pas avoir agi honorablement », a déclaré l'avocate principale Kate Kempton, qui représente les Premières Nations dans la contestation judiciaire, dans une entrevue avec CBC.
« Nous avons donc simplement appliqué la jurisprudence. Le montant n'a rien de magique. C'est un montant substantiel, car la violation en l'espèce est substantielle… »

Kempton a déclaré que même si ces lois sont censées « répondre aux manœuvres de l'administration Trump » (une référence aux tarifs douaniers du président américain), elles transformeront plutôt le Canada en « une nation prête à « construire, bébé construire » ou à « forer, bébé forer », malgré les conséquences assez horribles dans ce cas si ces projets de loi sont autorisés à aller de l'avant sans contrôle. »
Les gouvernements fédéral et ontarien disposent de 30 jours pour commenter la réclamation devant le tribunal.
CBC a interrogé le bureau du premier ministre Doug Ford au sujet de la contestation judiciaire et a obtenu la déclaration suivante :
« Nous continuerons de bâtir un consensus avec les Premières Nations sur des priorités communes, notamment les infrastructures patrimoniales, les routes toutes saisons et le développement des ressources qui soutiennent la prospérité à long terme.
Nous avons entamé des discussions productives avec les Premières Nations qui partagent notre vision de l'ouverture des perspectives économiques et de la mise en place d'infrastructures essentielles dans leurs communautés, et nous poursuivrons ces consultations tout au long de l'été. Ces consultations façonneront la réglementation et les critères des nouvelles zones économiques spéciales et des zones économiques dirigées par les Autochtones.
cbc.ca