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Morena renforce le contrôle judiciaire au Mexique ; l'OEA remet en question le processus

Morena renforce le contrôle judiciaire au Mexique ; l'OEA remet en question le processus

Le 7 juin 2025, les résultats des élections judiciaires sans précédent au Mexique ont été confirmés, accordant au parti Morena, au pouvoir, un contrôle important sur les principaux organes judiciaires. Parallèlement, l'OEA a publié un rapport critique mettant en cause l'indépendance du processus et la très faible participation citoyenne.

Le paysage judiciaire mexicain a connu une transformation profonde et controversée. Les résultats définitifs des élections pour le renouvellement de la Cour suprême de justice de la nation (SCJN), du nouveau Tribunal disciplinaire judiciaire (qui remplace le Conseil fédéral de la magistrature) et des sièges du Tribunal électoral du pouvoir judiciaire de la Fédération (TEPJF), confirmés le 7 juin 2025, ont consolidé l'influence décisive du parti au pouvoir Morena et de ses alliés dans les plus hautes sphères du pouvoir judiciaire mexicain.

Des candidats aux profils visiblement proches de la « Quatrième Transformation » (4T) autoproclamée et de l'ancien président Andrés Manuel López Obrador, tels que Celia Maya – qui présidera le Tribunal disciplinaire –, Bernardo Bátiz, Lenia Batres, Yasmín Esquivel et Loretta Ortiz, ont été élus à ces organes cruciaux. Hugo Aguilar Ortiz, qui a obtenu le plus grand nombre de voix pour la SCJN, s'impose comme le prochain président de la plus haute juridiction du pays.

Bien que le parti au pouvoir ait salué ces élections comme un exercice « historique » et « démocratique », le processus a été marqué par une participation électorale remarquablement faible, autour de 13 % des électeurs inscrits. Cela signifie qu'environ 87 % des électeurs inscrits ont choisi de ne pas voter. De plus, un pourcentage considérable de bulletins nuls et de blancs a été enregistré sur les bulletins, soulevant de nouvelles questions quant à la légitimité et au soutien populaire au nouveau système judiciaire.

La Mission d'observation électorale de l'Organisation des États américains (OEA) a publié un rapport préliminaire aux conclusions accablantes sur le processus. L'OEA a qualifié les élections judiciaires mexicaines d'« échec » et a déclaré sans ambages qu'elle « ne recommande pas que ce modèle de sélection judiciaire soit reproduit dans d'autres pays de la région ».

Parmi les principales préoccupations de l’organisation internationale figurent :

  • * Absence de garantie d'indépendance : L'OEA a constaté que la distribution des « accordéons » (listes de candidats suggérés, vraisemblablement du parti au pouvoir) et les profils des candidats élus, dont beaucoup sont proposés par le Comité d'évaluation du pouvoir exécutif fédéral, n'offrent pas de garanties quant à l'indépendance du nouveau pouvoir judiciaire par rapport au système politique.
  • * Affaiblissement du système judiciaire : Le rapport avertit que le modèle mis en œuvre, loin de se renforcer, « pourrait affaiblir l’impartialité, l’indépendance et l’efficacité » du système judiciaire mexicain.
  • * Processus « complexe et polarisant » : L’OEA a décrit la réforme judiciaire et son élection comme un processus « complexe et polarisant », criblé de « lacunes » et présentant un risque inhérent à l’indépendance judiciaire.

« La Mission ne recommande pas que ce modèle de sélection judiciaire soit reproduit dans d’autres pays de la région. » – Conclusion du rapport préliminaire de l’OEA sur la sélection judiciaire au Mexique.

La réponse du gouvernement mexicain aux critiques de l'OEA a été ferme. Dans une note diplomatique, le Mexique a rejeté les recommandations et observations du rapport, arguant que la mission d'observation « n'a pas l'autorité nécessaire pour émettre des jugements de valeur qui outrepassent ses pouvoirs » et que ses commentaires constituent une ingérence dans les affaires intérieures, en violation de la Charte de l'OEA elle-même. Le gouvernement a défendu la légalité et la constitutionnalité du processus électoral judiciaire.

Cette réaction de colère pourrait être interprétée comme un signe d'intolérance à l'égard de la surveillance internationale et une tentative de détourner l'attention des profondes lacunes mises en lumière. Une telle attitude pourrait mettre à rude épreuve les relations du Mexique avec les organisations multilatérales et autres acteurs internationaux qui veillent à l'indépendance de la justice et à la transparence électorale.

Au niveau national, l'opposition a qualifié l'élection de « farce », tandis que d'anciens conseillers électoraux et des législateurs de l'opposition ont appelé à une refonte complète du modèle de sélection des juges. L'Association des juges fédéraux (JUFED) a non seulement approuvé le rapport de l'OEA, mais a également annoncé la collecte de preuves d'irrégularités en vue d'un éventuel procès international.

Dans ce contexte, des personnalités politiques comme le député de Morena, Ricardo Monreal, ont généré une controverse supplémentaire en défendant des personnalités proches du pouvoir, comme le fils de l'ancien président López Obrador, en utilisant des comparaisons controversées.

La consolidation du pouvoir de Morena au sein du système judiciaire, obtenue par un mécanisme électoral peu soutenu par les citoyens et fortement critiquée à l'international, soulève des questions fondamentales quant à l'avenir de l'équilibre des pouvoirs, de l'État de droit et de la santé démocratique au Mexique. La capacité du nouveau pouvoir judiciaire à agir en toute indépendance et à garantir une justice impartiale constituera le test ultime des années à venir.

La Verdad Yucatán

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