« Le président Petro a fait une fausse déclaration hier sur la crise sanitaire » : l'ancien ministre Alejandro Gaviria a vivement critiqué le président.

L'ancien ministre de la Santé, Alejandro Gaviria, a vivement critiqué les déclarations du président Gustavo Petro lors de son discours et du Conseil des ministres qui a suivi, mardi, au cours duquel il a formulé de graves accusations contre le système de santé . Il a notamment accusé les compagnies d'assurance maladie de devoir plus de 100 milliards de pesos aux cliniques et aux hôpitaux et a qualifié le propriétaire de Keralty, le groupe auquel appartient Sanitas, de « criminel ».

L'ancien ministre de la Santé Alejandro Gaviria. Photo de : Néstor Gómez EL TIEMPO
« Au-delà des incohérences, des hippopotames et des chiens de race, le président Petro a fait hier une fausse déclaration concernant la crise sanitaire », a écrit Gaviria sur son compte X (anciennement Twitter). « Il n'a jamais été clair sur les sources de ses chiffres. Il a évoqué un chiffre de 100 milliards de dollars de dette liée au BPA sans explication, artificiel, spéculatif et dénué de sens. »
Dans son message, l'ancien ministre a également mis en doute la véracité des chiffres présentés par Petro concernant les EPS intervenus. « Il a mentionné que les dettes des EPS intervenues avaient diminué ; les chiffres de Supersalud indiquent le contraire », a-t-il noté. Il a ajouté que le président « semblait ignorer que son gouvernement était intervenu dans l'EPS Famisanar ».
Gaviria est allé plus loin, avertissant que le président avait délibérément ignoré la situation réelle du système sous son administration. « Il a ignoré la dégradation de tous les indicateurs du système durant son mandat. Il a omis, par exemple, l'augmentation substantielle des tutelles », a-t-il écrit.
Il a également critiqué le président pour avoir ignoré les avertissements juridiques concernant sa politique de santé. « Il a attaqué les arguments de la Cour constitutionnelle sans chiffres », a-t-il accusé, faisant référence à la décision de la Cour d'annuler la décision de la Surintendance de la Santé d'intervenir dans l'EPS.
Enfin, Gaviria a remis en question les accusations infondées de Petro contre des personnalités du système. « Il a porté des accusations de corruption et de vol alors qu'aucune enquête fiscale ou pénale n'était en cours », a conclu l'ancien ministre.

Gaviria, qui a qualifié l'intervention de Petro de « déclaration mensongère » et manquant de rigueur technique. Photo : Ministère de l'Éducation
Les déclarations de l'ancien ministre interviennent dans un contexte de controverse croissante autour des critiques du président Petro à l'encontre du modèle d'assurance, des EPS et de certains de leurs dirigeants. Selon le président, les Entités de promotion de la santé (EPS) ont accumulé des dettes de plus de 100 milliards de pesos. Or, les chiffres officiels du Bureau du Contrôleur indiquent que ce montant s'élève à 32,9 milliards de dollars, y compris les dettes courantes et impayées.
Petro a également affirmé que son administration avait « stoppé l'hémorragie » du système en réduisant la dette des EPS de 707 milliards de pesos. Cependant, il a omis des chiffres clés d'autres entités également sous contrôle de l'État, laissant un déficit d'au moins 4 000 milliards de pesos dans le bilan.

Le président Gustavo Petro a présidé un nouveau conseil des ministres. Photo : Ovidio Gonzalez. Présidence
En ce qui concerne les accusations portées contre le président de Keralty, que Petro a qualifié de « criminel », aucune décision de justice ne vient étayer cette affirmation, ce qui a suscité des inquiétudes quant à l'utilisation d'épithètes sans fondement juridique par le chef de l'État.
Gaviria, ministre de la Santé de 2012 à 2018, a été l'un des critiques les plus virulents du gouvernement Petro en matière de santé. Dans ses discours, il a défendu la structure du système de santé actuel tout en mettant en garde contre les risques d'une réforme improvisée. Sa dernière déclaration alimente les critiques accusant le gouvernement de promouvoir un discours déformé pour justifier son intervention dans le secteur.
Journaliste Environnement et Santé
eltiempo