Une bombe à retardement dans «Polizeiruf» : quand le coupable ne connaît que le langage du meurtre


Stefan Erhard / MDR / Filmpool Fiction
Il est assis là, penché sur un examen. Il joue avec son stylo, tape du pied, ne lève pas les yeux. Les pas du professeur approchent, ses camarades griffonnent leurs réponses. Mais il tourne et retourne le stylo. Clac, clac, clac, clac. C'est une bombe à retardement.
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Peu de temps après, il se tient dans les couloirs sombres et vides de son école. Il est adossé au mur. Il vient de pointer une arme chargée sur son directeur et d'appuyer sur la détente. Une fois, deux fois. « On peut s'y essayer mille fois, mais la réalité est bien plus extrême. Je me sens mal », dit-il à une caméra qui lui permet de diffuser son carnage au monde entier. Il recharge son arme et s'élance à travers le bâtiment sombre de l'école. La bombe à retardement a explosé.
Une vision du monde pleine de théories du complotJeremy. Un adolescent violent, antipathique et perdu. Sa mère est malade et encline à raconter toutes sortes d'histoires sur des forces obscures. Son père, dès qu'il arrive, l'emmène au stand de tir. Jeremy (Mikke Rasch) pratique et croit aux théories du complot sur une race reptilienne extraterrestre en guerre contre l'humanité. Dans sa vision confuse du monde, il se voit comme le sauveur de l'humanité. Il en tue cinq, conscient que lui aussi finira par mourir.
« Polizeiruf » de Magdebourg n'est pas un thriller explorant avec intensité la question de savoir si les détectives parviendront à arrêter Jeremy dans sa mission mortelle. Ce n'est même pas un thriller policier classique, car l'identité du meurtrier est claire dès le début. « Ils sont parmi nous » est un drame social discret qui ne banalise ni ne glorifie la violence qu'il dépeint.
Naturellement, l'inspectrice Doreen Brasch (Claudia Michelsen), habituée à la solitude, se précipite sur les lieux du crime et tente de comprendre les motivations de Jeremy. Le psychologue de la police fait tout son possible pour convaincre l'adolescent de se rendre. L'enseignante, retenue en otage par Jeremy et sa classe, s'efforce de se montrer compréhensive et accessible. L'élève ne cède à rien.
Les motifs restent vaguesGrâce à la lumière, au son et à la caméra, le fonctionnement intérieur d'un adolescent en perte de conscience est littéralement illuminé. La parole oscille entre un volume exagéré et une imperceptibilité quasi imperceptible. On entend au loin des voix d'enfants, des lampes vrombissent, des portes claquent. Les couloirs de l'école se brouillent dans l'obscurité, les plans larges ne révèlent aucun détail. Tout est aussi flou et vague que les motivations de Jeremy.
La réalisatrice Esther Bialas prend au sérieux la figure de l'agresseur, qui est aussi une victime, sans l'occulter. Le travail policier passe ici au second plan, l'accent étant mis sur l'enfant qui souffre en silence et qui ne trouve que le langage du meurtre pour exprimer sa détresse. Et peut-être que Jeremy n'est pas seul ? Brasch ne renonce pas à chercher à comprendre cet acte incompréhensible. Les cinéastes auraient pu se passer du ton moralisateur de la fin.
« Polizeiruf 110 » : « Ils sont parmi nous », le dimanche 21 septembre à 20h15 sur ARD.
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