Dordogne : à la découverte de la grotte du Grand Roc avec une lampe-tempête

Quasiment quarante ans plus tard, Jean Maury, un enfant du pays, se met dans la tête qu’une grotte ornée doit se trouver non loin de là. Il poursuit les fouilles de Larthet un peu plus loin.
En avril 1924, alors qu’il s’active au pied de la falaise de calcaire, un filet d’eau lui coule dans le cou. En levant les yeux, il aperçoit une résurgence dans la roche, plus haut, à une vingtaine de mètres du sol. L’homme sait que le calcaire, friable, peut cacher des cavités en son sein.
Armé de pioches et d’un peu de dynamite, il creuse sur une vingtaine de mètres. Et ce qu’il va découvrir le laissera sans voix. Ce n’est pas une grotte ornée comme il l’espérait, mais une cavité remplie de concrétions : stalagmites, stalactites, triangles de calcites ou encore excentriques emplissent les lieux. Équipé d’une simple lampe-tempête, Jean Maury va de surprise en surprise.

Boris Rebeyrotte
En 2024, le lieu a fêté le centenaire de sa découverte. Une nouvelle scénographie et un nouvel éclairage ont été mis en place pour l’occasion. Et, histoire de donner un peu plus de relief à ces concrétions, des visites à la lampe-tempête, comme Jean Maury a pu le vivre, sont maintenant organisées.
Le rendez-vous est donné à 19 heures, ce jeudi 7 août. Une vingtaine de personnes sont présentes. C’est la limite pour pouvoir profiter des lieux de façon optimale. Contrairement à d’autres gouffres ou grottes, le parcours dans le Grand Roc est assez sinueux.
C’est Benjamin, un passionné de l’endroit, qui accompagne le groupe. Chacun a droit à sa lampe personnelle. Le tunnel d’accès donne un avant-goût de la découverte. « Si Jean Maury a continué de creuser c’est qu’il a vu de la calcite, ce qui veut dire que l’eau s’écoulait par là », explique le guide. À la lueur des torches (aujourd’hui électriques), les concrétions se dévoilent sous un jour différent. On se sent plonger dans l’âme de Jean Maury. Benjamin, taquin, prévient les enfants : « Attention à son fantôme. »
Pas dupes, ces derniers préfèrent en sourire. Connaissant la grotte sur le bout des doigts, le guide indique aux visiteurs où pointer leurs torches. Ici, des excentriques se dévoilent. Plus loin, une colonne, obtenue quand des stalactites et des stalagmites se rejoignent au bout de plusieurs millions d’années. Après une trentaine de minutes, le groupe ressort à l’air libre… Pour mieux retourner dans la grotte, cette fois, avec l’éclairage moderne. Bien entendu, on y voit beaucoup mieux.
Les différences de couleurs, dues aux minéraux que rencontre l’eau d’infiltration, sont plus visibles. On croise Excalibur, une concrétion en forme d’épée, cassée par un visiteur dans les années 1930 et recollée par des géologues. Mais le charme n’est pas le même. On en prend certes plein les yeux, mais le côté « découverte » manque un peu.
SudOuest